Quel trésor, le batik indonésien ! Il tisse dans ses fibres l’histoire millénaire de l’archipel, et plus particulièrement l’île de Java. Imaginez un instant, un tissu où chaque fil raconte une légende, où chaque motif est une ode à la nature, la mythologie et la spiritualité.
Laissez-moi vous raconter sa petite histoire.
Plongeons entre le XVII et XVIIème siècle, lorsque la Compagnie Néerlandaise des Indes Orientales s’est implantée en Indonésie et pris des fonctions régaliennes sur le pays. Le royaume de Mataram, situé dans la région Centre de Java, avait alors pour sultan Sri Susuhunan Pakubuwan.
Des évènements politiques ont conduit à la séparation de ce royaume en 2 régions, par l’accord de Giyanti en février 1755 et soutenu par le gouvernement néerlandais. Les trésors et autres objets de valeur du royaume de Mataram ont alors été divisé. Et parmi ces joyaux, le batik, avec ses motifs caractéristiques exclusivement portés par les membres de la cour royale, dont il fallait négocier le partage. Il fut attribué finalement au palais de Jogjakarta, qui prendra en héritage les étoffes précieusement élaborés depuis des centaines d’années.
Le palais de Surakarta se retrouva alors dépourvu de cette richesse, signe également d’identité royale. Le sultan du palais de Surakarta ordonna donc la création hâtive de batiks propres à son palais. C’est ainsi que les batiks du palais de Surakarta ont été conçus, par des motifs très ressemblant de ceux de Jogjakarta, présentant quelques variantes notamment au niveau des couleurs et des géométries.
Le saviez-vous ? Le batik de Solo et Jogjakarta est si prestigieux qu’il était surnommé "Vorstenlanden" en néerlandais, signifiant "les territoires royaux". Un nom qui claque comme un coup de vent royal, n'est-ce pas ?
Aujourd’hui, le batik n’est plus l’apanage de la royauté. Non, il a conquis le cœur de toute la population, transcendant les classes sociales comme un véritable démocrate des textiles. Alors, la prochaine fois que vous enfilez un batik, souvenez-vous : vous portez un morceau d’histoire royale, un peu de magie et beaucoup d’élégance indonésienne !