Je me suis lancée un véritable défi artistique : reproduire une œuvre d’art emblématique en batik. Et pas n’importe laquelle ! J’ai choisi l’une des estampes japonaises les plus célèbres, « La Vague de Kanagawa » de Hokusai. Vous la connaissez sûrement, cette vague majestueuse qui semble sur le point d’engloutir tout sur son passage, avec le mont Fuji en arrière-plan. Pourquoi cette œuvre ? Parce qu’elle incarne à mes yeux la force de la nature et la beauté du détail, et je voulais prouver qu’il est possible de traduire cette intensité à travers l’art du batik.
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Pourquoi ce Défi ?
Vous l’aurez peut-être déjà compris, mon objectif avec ce défi est de montrer que le batik n’est pas seulement une technique réservée aux motifs traditionnels ou aux textiles décoratifs, mais qu’il peut aussi être un formidable support pour des créations artistiques d’envergure.
L’art du batik est un peu comme la peinture : une toile de possibilités infinies. Et quoi de mieux que de se mesurer à une œuvre complexe comme celle de Hokusai pour le prouver ?
Un Art en Soi : Transcender le Traditionnel
Ce projet est l’occasion de prouver que le batik n’a aucune limite en termes d’expression artistique. Traditionnellement associé à des motifs floraux, géométriques ou symboliques, le batik peut parfaitement s’adapter à des œuvres plus modernes, contemporaines, plus abstraites, ou même à des reproductions de chefs-d’œuvre. C’est une technique qui offre une liberté immense tout en imposant une rigueur. Le processus de superposition des couleurs, la gestion des espaces réservés à la cire… Tout cela rend chaque pièce unique !
Quel a été le cheminement de ce batik ?
Quand j’ai décidé de reproduire « La Vague de Kanagawa », je savais que la réalisation serait loin d’être simple. Les lignes nettes, les dégradés de bleu et l’intensité de l’image d’origine sont un vrai challenge pour la technique du batik.
Cependant, cette œuvre contient une palette de couleurs assez restreinte : bleu, beige, gris, blanc. J’ai choisi d’utiliser 3 tons de bleu, et du marron.
Le moins évident dans la réalisation de ce batik a été de bien distinguer les écumes des vagues des autres éléments de l’œuvre. Là, j’ai dû redoubler d’attention pour que la cire protège bien les zones cruciales, afin de préserver la blancheur des vagues.
J’ai ajouté l’effet craquelé en toile de fond, comme clin d’œil si distinctif au batik !
La 1ère étape a consisté à reproduire le dessin de l’estampe sur le tissu blanc.
L’étape suivante est de réfléchir au parcours de teintures successives : j’ai choisi de faire 1) les tons de bleu successif (du plus clair au plus foncé), et 2) du marron clair pour le fond et pour les embarcations.
J’ai donc repéré toutes les zones à couvrir en premier, c’est-à-dire les zones que je conserve en blanc, et celles que je veux d’une autre couleur que le bleu (marron uniquement).
Après le 1er canting, j’ai procédé à la teinture bleue (le plus clair), puis recouvert les parties que je conserve en bleu clair. J’ai réitéré cette série (canting + teinture) sur les 2 autres bleus. En résultat, mon 2ème bleu n’est pas sorti suffisamment foncé pour se distinguer des 2 tons de bleus… eh oui, on ne maitrise pas tout au batik, on s’adapte !
Lorsque la série de bleus est finalisé, je passe à l’étape d’enlèvement de la cire à l’eau chaude.
On obtient ainsi le batik en blanc et bleu : le résultat est fascinant !
Enfin, la dernière série de teinture marron : je bloque les zones que je conserve en blanc et les tons de bleu, pour laisser la teinture marron sur des zones de blanc (on obtient là le marron), et sur des zones bleues (pour avoir un marron-bleu, ou gris !).
Le résultat : une nouvelle Vague !
À l’heure où j’écris ces lignes, mon batik n’est pas encore complètement achevé, mais je peux déjà voir « La Vague de Kanagawa » prendre forme sous mes mains. Loin d’être une copie conforme (ce n’était d’ailleurs pas le but), c’est une interprétation personnelle de cette œuvre. Le batik y apporte une texture différente, un jeu de lumières et de reliefs qui lui donne une nouvelle dimension. Ce qui est fascinant, c’est de voir comment une technique comme le batik peut réinterpréter un chef-d’œuvre aussi iconique, lui insufflant une nouvelle vie.
À travers cette œuvre, j’espère montrer que le batik peut se prêter à toutes sortes de créations et qu’il a toute sa place dans le monde de l’art contemporain.
Et vous, quel chef-d’œuvre aimeriez-vous voir revisité en batik ?
C’est impressionnant à quel point le batik peut être malléable et reproduire autant de formes, détails, couleurs, bravo Katy! La patience oui il en faut mais aussi un bel esprit créatif, no limit! 🤩